Petite introduction sur l'architecture musulmane
Les grandes madrasas et les mosquées que nous verrons tout au long
du voyage ont une structure semblable, héritée de l'architecture
iranienne :
La madrasa (ou médersa) est une école religieuse où
l'on enseignait non seulement les écritures saintes et la lecture de
l'arabe, mais aussi la calligraphie et bon nombre de sciences de la terre, géologie,
mathématiques, astronomie. À l'extérieur, la madrasa classique
présente une façade à deux niveaux de cellules (hujra),
chacune encadrée par une arcade décorée de motifs en majolique
bleue. Les murs sont de brique cuite (adjurr), plus résistante
que le pisé (tabya) ou la brique crue (tawb). Le portail
central (pishtak) est en forme d'arc et fait saillie sur la façade.
Il est très haut, plus haut que la façade, un peu comme la façade
d'une cathédrale gothique, qui est plus haute que la nef et les bas-côtés.
Le portail est aussi décoré de majolique bleue, qui dessine des
arabesques ou des versets du Coran.
Parfois, des tours encadrent la façade et la confortent : les guldasta.
Passé le portail, on trouve à gauche la salle de prière
(Haram) et à droite, la salle d'études (Darshkhana).
Après avoir bifurqué, on débouche sur la grande cour souvent
carrée : elle aussi comporte un ou deux niveaux de cellules encadrées
par des arcades et au centre de chaque face, un portail géant : l'iwan
(prononcer " aïvan "). Les iwans sont nés dans le monde
iranien bien avant l'arrivée de l'Islam, sans doute sous la dynastie
sassanide. Il s'agit d'un hall voûté avec une façade rectangulaire
ouverte par un grand arc. Dans une madrasa, il sert de salle de cour les beaux
jours.
Quand il y a deux niveaux, on accède à l'étage par des
escaliers très raides. Une coursive dessert les cellules. Parfois, les
cellules d'angle
Rarement, les cellules donnent sur l'extérieur de l'édifice.
Madrasa Mir-i-arab
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Les grandes madrasas ont été édifiées à
partir de la dynastie des Timurides, et particulièrement sous la dynastie
des Chaybanides, dans le territoire de l'actuel Ouzbékistan :
Ulugh Beg fit bâtir à Boukhara une madrasa, ouverte en 1418, et
une autre à Samarcande, ouverte en 1420.
Boukhara possède de grandes madrasas : madrasa Abdullah Khan (1556-1598)
en face de la madrasa Madar-i Khan (1566-67), madrasa Koukeldach (1568-1569),
madrasa d'Abdullaziz Khan (1588-1590), madrasa d'Abdullah Khan (1589-90), madrasa
Nadir Divan-Begui (1622-1623).
La mosquée est aussi de plan iranien : il se caractérise
par l'emploi d'iwans, d'un pishtak et une salle de prière sous coupole.
Généralement, les cours des mosquées en comportent quatre
disposés en croix. La mosquée Kalon de Boukhara est un bel exemple
de mosquée de classique.
Le mihrab est une niche qui indique la Qibla, la direction de la Mecque,
vers laquelle prient les musulmans. Le mihrab prend place sur le mur qibli.
La voûte des mirhab est en général décorée
de muqarnas. Vu de dessous, on distingue des hexagones, comparables à
des nids d'abeille ou des étoiles. Ils évoquent le ciel étoilé
la nuit dans les déserts, ou les stalactites des grottes. Ils sont en
stuc, parfois, peint, ou en pierre sculptée. On les trouve aussi sur
certains chapiteaux, dans des voûtes des iwans, etc.
Le minbar est la chaire à prêcher. En bois ou en tout autre
matériau (pierre, marbre par exemple), il se situe toujours juste à
côté du mihrab.
Une khanqah ou khanaqa est le lieu de vie de mystiques musulmans,
comme les derviches mais aussi un lieu de retraite temporaire pour des civils.
Elle comporte généralement une ou plusieurs mosquée et
des cellules. Elle peut également abriter une école et sert souvent
de lieu funéraire pour son fondateur.
Une zawiya, comme une khanqah, est un bâtiment abritant des soufis
et un tombeau (celui du fondateur, en général). Elle diffère
de la khanqah par sa taille, plus imposante, et le rôle d'enseignement
qui lui est dévolu.
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